Ermann

Visa Recipients

  • ERMANN, Elisabeth née ROSENBAUM P A
    Age 41 | Visa #1389
  • ERMANN, Heinrich/Henri P A
    Age 51 | Visa #1390
  • ERMANN, Renée P T
    Age 10

About the Family

The ERMANN family fled their native Luxembourg on May 10, 1940 and received visas from Aristides de Sousa Mendes in Bordeaux on June 12 of that year.

They crossed into Portugal, where they resided in Caldas da Rainha. In 1942 they traveled from Lisbon to Jamaica, British West Indies, where they stayed for two years. From there they went to Havana, Cuba, where they spent one year. They arrived in Miami in 1946 and subsequently moved to New York. Soon thereafter they returned to Luxembourg.

  • Photos
  • Artifact
1372-1407

Page of Sousa Mendes Visa Registry Book listing this family and others - Courtesy of the Ministry of Foreign Affairs archives, Lisbon

  • Testimonial

Renée Ermann Testimonial

Un périple de Luxembourg à New York

Partie de Luxembourg le 10 mai 1940, quelques heures avant l’arrivée des allemands, Renée Ermann et ses parents ont connu un périple de 5 ans qui les a conduits au Portugal pendant deux années, puis à la Jamaïque, à Cuba et aux Etats-Unis.

Dix mai 1940 : « Partez vite, les allemands arrivent ! ». Cet appel téléphonique court et clair a donné le signal du départ à la famille Ermann, Henri le père ingénieur, Elisabeth la mère modiste et Renée la fille, alors âgée de 10 ans. La famille Ermann résidait Avenue Gaston Diderich à Belair, un quartier tranquille de la capitale du Grand-Duché. Etant conscient de la gravité de la situation Henri Ermann a immédiatement suivi le conseil émanant d’un cousin, a rempli son véhicule de ses affaires les plus précieuses et après y avoir installé sa famille, a pris la fuite en direction de la frontière française en direction … des Etats Unis ! Après de longues heures de voyage, la famille Ermann arrive à Bordeaux avec l’intention d’obtenir un visa pour le Portugal. En mai 1940 le Consul du Portugal à Bordeaux Aristides de Sousa Mendes était un diplomate discret aux ordres de Salazar. Comme son pays acceptait des réfugiés, le Consul accorda facilement un visa à la famille Ermann. Aristides de Sousa Mendes continua par la suite à aider de nombreuses familles juives à fuir les nazis en facilitant leur accès au Portugal. Muni du précieux sésame, Henri Ermann se dirige vers la frontière espagnole et rencontre le premier obstacle. Les autorités espagnoles ne laissent pas passer les véhicules. Seuls les occupants sont autorisés à passer la frontière. Il décide d’abandonner sa Peugeot et de poursuivre le voyage en train en direction de Lisbonne. Arrivé dans la capitale portugaise les réfugiés étaient dirigés vers des cités balnéaires susceptibles d’offrir des logements. C’est ainsi que la petite famille est arrivée à Caldas da Rainha, petite ville à 100 km au nord de Lisbonne.

Une vie heureuse et insouciante à Caldas

« A Caldas, nous étions installé dans une rue qui débouche sur le marché, au 1er  étage d’un magasin de tissus », raconte Renée qui poursuit : « Mon père avait les moyens de payer le loyer et les relations avec le propriétaire étaient cordiales ».

La jeune fille de 10 ans, ignorant d’avoir échappé au funeste destin des juifs restés au Luxembourg, se remémore avec émotion les moments heureux et insouciants passé dans cette charmante ville de Caldas . «  J’allais à l’école portugaise avec mes nouveaux amis, Maria Cristina Morais do Valle , fille de la directrice de cette école, et Rui Pinto Ferreira, fils d’un militaire du R15, une caserne située en plein cœur de la ville. En dehors des heures d’école, nous jouions dans la rue, nous faisions du vélo ou de longues balades au parc ou nous regardions les bateaux qui naviguaient sur le grand lac. Nous passions également devant les fenêtres de la caserne pour nous amuser des militaires qui apprenaient à lire et à écrire. Comme tous les enfants de la ville, je me sentais très bien et parfaitement intégrée dans mon nouvel environnement. Les gens étaient bienveillants à notre égard et j’étais traitée à l’égal de tous les enfants portugais. C’est ainsi que j’ai appris cette belle langue que je n’ai jamais oublié et que je parle encore », indique Renée Ermann quelques 75 ans plus tard ! « Dans la ville je me rappelle la boulangerie Gato Preto (Chat noir) et l’hôtel Rosa, une résidence chic pour personnes aisées, notamment originaires de Hollande. A cet égard je me souviens d’une anecdote : Il y a avait des enfants pauvres qui déambulaient pieds nus. Une famille hollandaise souhaitant les aider leur a offert des chaussures. Le lendemain les enfants allèrent à l’école … toujours pieds nus en arborant fièrement les chaussures à la main ! De temps en temps nous partions en autocar pour visiter les villes voisines comme Obidos, Bomberal ou Foz do Arelha », raconte-t-elle. Seul Henri Ermann allait quelques fois à Lisbonne, vraisemblablement pour aider d’autres réfugiés au sein d’une organisation juive.

La suite du voyage vers les Etats Unis
Avec la propagation de la guerre, la famille Ermann décide de quitter le Portugal. A Pâques 1942 Henri, Elisabeth et Renée reprennent la route et le bateau en direction de la Jamaïque, à l’époque territoire britannique, où ils résidèrent quasiment deux années. « Pendant cette période j’ai appris l’anglais chez les Sœurs à la High-School avec mes amies qui étaient pratiquement toutes métisses ! », raconte Renée. Après cela ils continuent vers Cuba, où la jeune fille, alors âgée de 15 ans, apprend la langue espagnole. Habitant La Havane, mère et fille trouvent un travail auprès de diamantaires. Renée explique : « Pendant la guerre les diamantaires étaient à Anvers, les grands diamants étaient taillés aux Etats-Unis alors que les petits diamants étaient travaillés à Cuba. J’ai aidé ma mère à faire ce travail pendant un an afin de mettre un peu d’argent de côté. »

Deux ans plus tard la famille reçoit enfin l’autorisation de s’installer aux Etats-Unis définitivement. A New-York, Elisabeth Ermann travaille dans une fabrique de cravates tenue par des allemands. Renée naturellement, l’aide ! Le père travaille dans une usine de peintures. Mais le rêve américain est de courte durée, car la famille ne s’y sent pas à l’aise et a le mal du pays. Après la libération, la famille décide de retourner au Luxembourg pour Pâques de l’année 1946.

Retour au Luxembourg
De retour à Luxembourg, la famille a retrouvé sa maison et a recommencé sa vie luxembourgeoise. Henri Ermann est devenu représentant, Renée a trouvé un emploi de vendeuse chez Meta Brahms, un magasin de chapeau appartenant à une de ses tantes. En 1951 elle rencontre André Karas qu’elle épouse en 1952 et avec qui elle crée un magasin de prêt à porter en France à Villerupt. De cette union sont nés deux enfants, Gérard et Paulette. Ils résidèrent à Villerupt une trentaine d’années. Après avoir habité à Thionville pendant une vingtaine d’années Renée et André sont revenus habiter au Grand-duché en 2007, toujours dans l’Avenue Gaston Diderich. Un retour aux sources !

Article écrit en portugais par Carlos Cipriano et paru le 24 juillet 2015 dans la Gazetta des Caldas et le 23 septembre 2015 dans le Contacto.  Traduction libre de Patricia Pererira et Gérard Karas